Petite boule de terre, te pétrir,
Amas de glaise informe, t'attendrir.
Te poser sur le tour, lentement,
Et l'idée de ta forme surgit sur l'instant.
Mes doigts, encore hésitant, se posent,
Mais de t'entreprendre, n'osent.
L'eau ruisselle, chaude, sur mes mains,
En ma tête l'idée suit son chemin.
Et lorsqu'enfin je m'enhardis et te frôle,
Au contact de ta douceur, je me sens rougir,
Imaginant aussitôt un tout autre rôle,
Duquel, par timidité, je ne pourrais que fuir.
Mais, si de toi, je me dois à une oeuvre,
De plonger les doigts en tes chaires
Provoque une soudaine pudeur volontaire,
Car d'un corps j'entrevois la manoeuvre.
Peu à peu ma beauté se dévoile, apparaît,
Longue et fine, hanches en arrondi parfait,
Taille de guêpe forçant au regard la cambrure,
Sans pour autant en dénaturer les courbures.
Et si, enfin, entre mes mains fièrement
Je te brandis, à hauteur des yeux te tends,
Je ne conçois à te voir comme un échec,
Mais bien en copie d' amphore grecque.
Roisoleil
Janvier 2013