Ma vie en poésie

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Créé le : 05/05/2012 20:45
Modifié : 25/09/2013 21:40

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Elle...n'était pas un rêve !

28/10/2012 10:04



Au travers le hublot de la caravane, je jetai distraitement un regard.  Malgré la buée sur la vitre, je ne pouvai ne pas la voir, petite et si fine silhouette, encore à peine visible sur cette longue plage nue et déserte à cette heure trop matinale pour le commun des mortels et des vacanciers, habitués aux longues nuits de "farniente".
Captivé par le lent mouvement de ses pas, je suivai son approche.  Le vent du large, soufflant dans ses longs cheveux bruns, leurs donnait une légèreté, ondoyants et tourbillonnants autour de son visage dont je ne pouvai détacher mon regard.  Une "Madone" ne m'aurait paru plus belle, s'il n'avait été les longues boucles d'oreille.
Mon coeur de célibataire, peu habitué à se manifester devant pareille beauté, s'était mis à battre.  Allons donc, un joli jupon allait il me faire chavirer ?  Je baissai la tête vers mon fidèle dalmatien "Dick" :
- Alors chenapan ! Envie d'une promenade, très, matinale ?
Le seul mot de "promenade" agissait sur lui comme un ressort et en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, il se retrouva, queue battante, devant la porte, se retournant impatiemment vers moi, estimant sans doute que je mettai trop de temps à le rejoindre.  Lentement j'ouvris la porte :
- Pas de panique, mon gaillard, on y va !
Il bondit plus qu'il ne sortit, fit le tour de la caravane, puis vint se porter à ma hauteur, immobile, truffe au vent, humant goulument les embruns portés par le vent et l'air tiède de cette matinée d'été.
- Dans quelle direction vas tu m'entrainer, demandai je en le regardant.
Le dalmatien est, à ma connaissance, le seul chien capable d'imiter un sourire, généreusement offert à son maître lorsqu'il se sent bien.  Sans me donner le temps d'interpréter son sourire, il s'élança en direction de la jeune fille déambulant gracieusement le long de l'eau, en s' y baignant les pieds. Il ne lui fallu que quelques secondes, à peine, pour la rejoindre et se mit aussitôt à lui tourner autour, pour jouer et taquiner, comme à son habitude.  Les réactions d'un chien sont toujours imprévisibles, même s'il est brave et sans méchanceté, je m'inquiétai donc à ce qu'il ne dérange pas la jeune fille et me mis à courir afin de calmer les ardeurs jouettes de mon chien.
- Dick ! Au pied !
Ordinairement il obéit, mais pour une fois resta sans réaction.  Pour sa défense, je remarquai que la demoiselle lui caressait gentiment l'encolure. j'insistai donc :
- Au pied Dick et arrête d'importuner Mademoiselle !
Je levai les yeux vers elle, ce qui me surprit moi-même, qui suis d'un naturel timide et réservé.  Elle me regardait intensément de ses yeux bleus verts dont l'éclat un peu dur démentait la douceur des traits de son visage.
- Excusez le, Mademoiselle !  Il n'est pas méchant...seulement très jeune et très jouette !
Toujours les yeux posés sur moi, elle m'offrit un large et franc sourire, tandis que l'éclat de son regard gagnait en douceur, perdait en dureté et méfiance.
- Ne vous inquiétez donc pas !
Sa voix, pure comme le cristal, chaude comme le siroco me pénétra jusqu'au fond du coeur.  Elle ajouta :
- J'ai moi aussi une chienne, mais elle est malade.
Un "je ne sais quoi" en elle me tenait sous le charme, je ne pouvai détacher le regard.
- Etes vous de Narbonne ?  demandai-je.
- Non, de la Loire.
- Il me semblait bien que vous n'aviez pas le parler du Midi.
Elle se mit à rire.
- Vous aussi auriez bien de la peine de vous faire passer pour quelqu'un du Midi avec votre façon de parler !
Ce fut mon tour d'éclater de rire.
- Ch'ti ou Picard, cela vous situe mon parler ?
- Le Nord !
- Belgique plus exactement.
- En vacance, demanda-t-elle.
- Oui, deux semaines !
L'espace d'une seconde je suivis son regard qui se posait sur ma main.
- Votre femme dort encore je suppose ?
je répondis en souriant.
- En vacance, certes, mais pas avec ma femme.  Juste mon chien. Et vous, seule ?
- Non, nous sommes tout un groupe d'amis et d'amies, mais j'aime me balader au petit matin, me tremper les pieds dans l'eau et nager.  Et vous, c'est votre femme qui est malade ?
Un instant décontenancé par sa question je cherchai la meilleure réponse à lui faire.
- Pas malade, elle !  C'est plutôt notre couple qui est malade.  Votre petit copain...
Elle m'interrompit.
- Je dois bientôt me marier...mais...
- Mais...vous hésitez, complétai-je.
Nous demeurâmes silencieux de longues secondes et ce fut elle qui rompit le silence.
- N'avez vous pas envie de nager ?
- Là, maintenant...tout de suite ?
- Heu...oui...naturellement.  Pourquoi ?
- Ben...c'est que...je n'avais pas prévu...
Son rire éclata, cristallin.
- Pas de maillot ?  Moi non plus...et alors ! Ne me dites pas que vous êtes timide ou coincé au point d'avoir peur de nager sans maillot.  De tout façon personne ne nous verra.  A cette heure-ci !
De toute évidence elle se moquait de moi et les rougeurs apparurent aussitôt sur mon visage.
- Non mais...mon chien...
- Ne me dites pas que votre chien a peur de l'eau, me répondit elle en me tournant le dos, déjà occupée à dégrafer sa robe qui tomba à ses pieds.
Dans un réflexe de pudeur, je faillis tourner la tête car elle m'apparut vêtue de sa seule petite culotte.
- Alors !...Vous venez ?
N'arborant aucune fausse pudeur sur sa quasi nudité, elle fit glisser le dernier rempart le long de ses cuisses.
- Laissez moi au moins le temps de me déshabiller, fis-je.
Elle tourna sur les talons et s'en fut vers la mer sans se retourner.  Quelques instants plus tard, je la rejoignai.
- Je la trouve assez froide, et vous ?
- Vous auriez dû prévenir les gardes côtes, fit elle en me montrant ses dents dans un large sourire, ils vous auraient chauffé l'eau.
- Vous venez ici tout les jours ?
- Oui..j'aime me baigner seule.
- Alors pourquoi m'avoir demander de me baigner avec vous ?
Au lieu de me répondre, elle s'approcha de moi, jusqu'à me coller de très près.
- Je vous trouve très beau...et j'ai envie que vous me fassiez l'amour !
- Et...et...et votre futur mari ?
Elle posa les lèvres sur les miennes et je sentis la pointe de ses seins contre ma poitrine, tandis que son ventre, chaud malgré la fraîcheur de l'eau, taquinait très agréablement le haut de ma cuisse droite.
- Vous avez les cuisses très musclées, souffla-t-elle à mon oreille.
- Tennis et football, répondis-je.
Elle m'embrassa à nouveau.  Je glissai mon bras autour de sa taille, si fine, que j'en faisai le tour d'un seul bras.  Elle se laissa attirer contre moi, poussant un léger gémissement.
Etourdis par notre audace, gagnés par l'envie, nous nous laissâmes aller à faire l'amour, intensément, passionnément, doucement, tendrement, laissant nos corps se chercher et se répondre à coups de caresses, de plus en plus précises, sensuelles, totalement libérés tels deux amants n'ayant pour seul et unique but ...satisfaire le même désir charnel.
Combien de temps sommes nous restés ?  Ni elle, ni moi étions bien incapables de le savoir.  A peine nos corps étaient-ils satisfaits de plaisir, que nos mains en préparaient déjà la vague suivante.  Ce ne fut que lorsque apparurent les premières vacanciers, tout au loin, approchants, que nous consentîmes à revenir vers la plage.
Nous demeurâmes de longues minutes sans rien dire, seulement occupés à nous revêtir.
- Pourrai-je te revoir, lui demandai-je.
Elle ne répondit pas, mais me sourit, presque tristement. J'insistai.
- Tu ne veux pas me répondre ?
- Parce que je ne le peux pas, jeta-t-elle dans un souffle.
- Pourquoi ?
Des larmes étaient apparues dans ses yeux.
- Je t'ai dit...mais tu ne m'as pas écoutée...je dois me marier.
- Il te suffit de ne pas te marier avec lui...attends moi...j'ai envie de t'aimer.
Un faible sourire ornait son visage.
- Je ne le peux pas...j'en ai fait la promesse.
Comme elle faisait mine de partir, je voulus la retenir par le bras.
- Laisse moi !
Elle fit quelques pas, mais se retourna.
- Qui sait...peut-être un jour....
- Dis moi au moins ton prénom !
Elle hésita longuement, puis finalement :
- Papillon !
Je crus qu'elle se moquait encore :
- Oui...et moi c'est Filet.
Elle eut un dernier petit rire avant de s'éloigner.
                                                                                        *

Allongé sur le sable, les yeux clos, je jouissais agréablement des premiers rayons de soleil de ce qui serait une chaude journée d'été sur les plages de Narbonne.  Il me semblait avoir dormi et fait un adorable rêve que j'aurais voulu prolonger...encore...et encore.  Je ne voulais pas ouvrir les yeux, trop certain que si je les maintenais fermés mon rêve reprendrait là...où il s'était malheureusement interrompu.
De longues minutes, je restai prostré dans l'attente sans que ma jolie jeune fille n'apparaisse.  Je me sentais désemparé et désespéré.  Ce rêve me poursuivait, jour pour jour, depuis plus de trente ans.
Je ne résistai plus à l'envie d'ouvrir les yeux et c'est alors...
- N'êtes vous pas un peu trop vieux pour passer la nuit à dormir sur la plage ?
La voix n'avait pas beaucoup changé, juste un peu plus grave.  Quelques rides ornaient aujourd'hui son visage, la rendant plus belle encore...plus désirable...plus femme...plus....
- Papillon, m'écriai-je en me levant !

P.H.D. Octobre 2012






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