Bien enfoui tout au fond d’une malle,
Mélangé à tant d’autres souvenirs,
Que je range ou déballe,
Ce paquet blanc ficelé, occupé à dormir.
Sur ces rectangles blancs soigneusement attachés,
Une adresse encore à la plume libellée,
Laisse deviner, malgré l’encre pâlie, un « Mademoiselle ».
Mes doigts empruntés dénouent la ficelle.
Sans vraiment choisir je saisis la première,
L’ouvre fébrilement et entreprends de la lire.
Mes souvenirs reviennent en masse. Mon hier !
« Chère A……, j’ai tant de choses à te dire… »
Mes émotions se mêlent et s’embrouillent,
Mes dix-neuf ans ressurgissent brutalement.
Je revois ton visage et ressens le trouble.
Mes yeux se mouillent, perle une larme inexorablement.
Des souvenirs en pagaille se bousculent ;
Notre amour, nos projets ! Tout un avenir !
Et puis ! Cette envie de départ décidée sans scrupules.
Suivre ton père en Afrique, sans intention de revenir.
Toutes ces lettres écrites et jamais envoyées,
S’étalent devant moi. Ma mémoire cachée.
Le coup de poignard d’il y a quarante ans n’est pas effacé,
Et la blessure mit longtemps à se refermer.
A toi « Mademoiselle A. P.
MOMBASA KENYA
Chère amour de jeunesse.
P.H.D. 17 mai 2012