Ma vie en poésie

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Créé le : 05/05/2012 20:45
Modifié : 25/09/2013 21:40

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Le soupire d'une fleur

09/05/2012 14:26



 

Aux travers des interstices du store, une douce chaleur caressait agréablement la paupière de mon oeil.  Je pensais que de toute évidence il s’ouvrirait de lui-même afin de constater dé visu et qu’en conséquence de quoi le reste de mon corps bougerait.  Et bien non !  Rien ne bougeait !  Apparemment mon cerveau trop bien emmitouflé dans les chaleureuses brumes de la nuit, refusait d’en sortir et de donner les ordres afin que mes yeux puissent s’ouvrir.  Finalement, après de longs palabres, mon cerveau réagit.  Mes yeux s’ouvrirent pour aussitôt confirmer leur première impression, ce beau soleil matinal annonçait une superbe journée printanière.
- Allons donc, claironna mon cerveau, debout et profitons de cette journée que je prévois agréable et douce.
Je m’attendais à ce que mon corps aussi vite bondisse hors du lit, mais, là encore, rien ne bougea.  Quoi encore !  Quel était donc le nouveau problème qui se profilait à l’horizon ?
- Je ne me sens pas très bien ce matin, déclara la voix faible de mon coeur.
- Où est donc le problème, demanda le cerveau ?
- Je ne veux pas bouger car rien ne m’en donne l’envie.  J’ai comme l’impression qu’il me manque quelque chose aujourd’hui.
- Que pourrait-il donc te manquer, fit le cerveau de mauvaise humeur ?
- Je n’en sais rien encore, je n’arrive pas à trouver, mais je sens très bien qu’il me manque quelque chose.
- Manquerais-tu donc de sang ?
- Non il ne me semble pas que ce soit cela !
- Alors quoi d’autre, d’air ?
- Peut-être, mais je ne saurais le dire avec précision.
De nouveau, il fallut en passer par une longue discussion avant que mon coeur ne se laisse convaincre et se décide à bouger. Aussitôt debout le cerveau jeta ses ordres,
- Nous nous lavons, nous nous habillons, nous enfilons nos chaussures de sport et en route pour une longue balade champêtre.
Personne n’y trouva à redire, pas même mon coeur qui pourtant ne me paraissait pas bien gaillard.  Une fois dehors, mes pieds entrainèrent le reste de mon corps car de toute évidence la journée serait sublime. La balade était joyeuse et tout se déroulait très bien, à l’exception de mon coeur toujours à la traine.  Les pieds dirigeaient la manoeuvre, nous entrainaient où bon leurs semblait  sans que le reste de mon corps ne fût en quoi que ce soit concerté.  De la sorte nous arrivâmes finalement dans une clairière longeant une parcelle de terre cultivée et donnant accès à l’entrée d’une forêt.  Allègrement entrainés par leur fougue, mes pieds ne prévoyaient aucun arrêt, le reste de mon corps n’avait qu’à suivre sans poser de question. Seul le doux et mélodieux chant des oiseaux perturbait à de brefs intervalles le silence reposant qui régnait autour de nous.  Nous allions pénétrer dans la forêt et c’est alors que mes oreilles furent attirées par une petite voix à peine audible.
- Hey Ho !  Attention où vous poser les pieds !  Ne voyez-vous pas que vous allez m’écraser ?
Interdit, comme médusé, tout mon corps s’arrêta aussitôt dans une position, je dois l’avouer, bien inconfortable.  Jambe gauche
campée sur le sol, jambe droite à demi pliée, attendant qu’on lui donne l’autorisation de se poser, tandis que mes yeux furetaient
inquisiteurs à la recherche du ou de la propriétaire de la petite voix.  Mon cerveau profita de l’occasion pour me faire part de ses commentaires,
- A mon avis, déclara-t-il, il doit s’agir d’une musaraigne ou d’une souris que nous avons failli écraser !
Peut-être avait-il raison, mais avant de commettre l’irréparable, nous devions nous en assurer. Il donna l’ordre au pied droit de revenir à sa position d’origine, en arrière, mes jambes se fléchirent jusqu’à nous retrouver assis sur les talons, mon corps se pencha lentement vers l’avant, permettant ainsi aux yeux d’y voir de plus près.  Rien de bien précis ne semblait attirer leur attention jusqu’à ce que de nouveau retentisse la petite voix.
- Est-ce moi que vous cherchez ?
Doublement attentifs, tels deux miradors à la recherche d’un quelconque fuyard, mes yeux scrutaient le sol, désespérément assurément, à la recherche d’un indice permettant de découvrir l’origine de cette petite voix.  Rien !  Pas même la moindre petite fourmi.
- Je suis là, sur votre gauche.  La petite boule rose fuchsia au bout d’une longue tige brune.
Après d’interminables secondes à localiser cette petite boule rose, mes yeux s’immobilisèrent enfin sur une minuscule petite tache rose à peine visible.
- Serait-ce donc possible que ce soit toi qui parle, demanda ma voix qui résonna dans le silence comme un coup de tonnerre.
- Oui !  Pourquoi cette question ?  Vous parait-il donc anormale qu’une fleur puisse parler ?
- C’est que pour moi la chose n’est pas courante, répondit ma voix légèrement désorientée.
Au lieu de me répondre, la petite boule rose se mit à trembler.
- Excusez-moi si je vous ai fait peur, je ne voulais pas vous écraser soyez-en convaincue, malheureusement vous êtes bien petite et je ne vous avais pas vue.
- Je m’en suis bien rendue compte que vous ne m’aviez pas vue, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je tremble.
- Dites-moi alors !
- Il se fait que vous me cachez le soleil et que j’en ai grand besoin pour me réchauffer et m’ouvrir.
- OOh pardon !
Prenant mille précautions tout mon corps se déplaça.
- Voilà, et pardonnez de nouveau mon étourderie.  Comment vous appelez-vous ?
- C’est donc que vous êtes de la ville, me répondit la petite fleur, si vous ne connaissez pas mon nom ?
- Oui, vous avez raison, je suis de la ville.  Mais comment avez-vous pu le découvrir ?
- Rien de bien compliqué à cela !  Vous, les gens de la ville, connaissez bien mieux les noms de toutes ces belles fleurs de la ville ; roses, oeillets, tulipes, lys !  Nous, les petites fleurs de la campagne, à vos yeux ne sommes que de vilaines petites choses insignifiantes.
- C’est faux, mais nous ne pouvons pas connaître les noms de toutes les fleurs !
La petite boule rose resta un instant sans répondre, puis, de sa petite voix douce ajouta :
- Oui, je pense que vous avez raison…Jeeuu….mon nom est cyclamen !
- Oooh quel merveilleux nom pour une si petite fleur !
- Petite fleur ! Petite fleur !  Permettez-moi au moins de grandir !  Je viens à peine de naître !
- Où sont vos parents ?  Vos soeurs ?
Peu à peu le soleil semblait faire son effet sur ma petite boule rose.  Lentement réchauffés par ses chauds rayons printaniers,
de tous petits pétales roses nervurés de fines rayures blanches s’ouvraient, offrant à la chaleur du soleil et à nos yeux toute leur éclatante beauté.
- Seigneur Dieu !  Que tu es belle, fis-je extasié.  Mais tu ne m’as point répondu, pourquoi es-tu seule ?
D’une voix plus faible encore, à peine audible, comme sous l’empreinte d’une lourde peine, elle me répondit :
- Voici deux jours environ, un homme est venu avec sa grosse machine verser sur le champ à côté un horrible produit dont je ne savais pas l’utilité.  Ma mère et mes soeurs, elles, connaissaient ce produit, car de suite elles se sont toutes couchées sur moi me donnant l’impression de vouloir m’étouffer.  Je n’ai compris que le lendemain la raison de leur geste, elles avaient tout simplement voulu me protéger.  Très longtemps, presque la journée entière j’ai attendu de les voir se relever.  Ce n’est que le soir, alors que les rayons du soleil allaient bientôt se coucher, que j’ai compris que plus jamais je ne les reverrais.
Touché, profondément ému par le récit de cette petite fleur, je laissais échapper quelques larmes.  Puis, comme pour vouloir trouver une excuse valable pour sauver le genre humain, je lui répondit :
- Heureusement tout les hommes ne sont pas mauvais, il en existe encore qui sont capables d’aimer les fleurs et la nature.
- Oooh oui, je les connais ceux-là, jeta ma petite fleur avec mépris, ils viennent et ne nous voient pas, ou, quand ils ne nous écrasent pas, nous reniflent, nous forcent à ouvrir nos pétales et s’ils nous trouvent jolies, nous arrachent et ramènent chez eux où, en quelques heures à peine, nous perdons toute notre beauté et finissons lamentablement notre vie dans un vase !  Est-ce cela que tu appelles des hommes civilisés ?
Contrit par les accusations justifiées de ma petite fleur, je baissais la tête.
- Veux-tu que je te tienne compagnie ?  Je te promets de ne pas t’arracher ni de vouloir te faire du mal !
Elle me regarda longuement comme pour vouloir me jauger et ajouta :
- Oui, je pense que je peux te faire confiance.
Je m’allongeai aussitôt auprès d’elle et nous continuâmes longtemps à parler,  durant tout ce temps, mon coeur semblait guérit comme ayant perdu cette lourdeur dérangeante.  Hélas, le temps ne s’arrête jamais, ni pour les hommes, ni pour les fleurs, et peu à peu les rayons du soleil baissaient à l’horizon, plongeant lentement la forêt dans l’ombre.
- Les rayons du soleil vont bientôt disparaître, me dit ma petite fleur, je vais tout doucement me refermer et me préparer pour la nuit.
Je senti aussi vite mon coeur se serrer.
- Vas-tu déjà me laisser, demandai-je ?
- Je ne peux faire autrement, car je ne résisterais pas au froid de la nuit.
- Alors je vais devoir te quitter ?
- Oui, mais si tu veux, tu peux revenir demain, proposa-t-elle.
- Oui, je reviendrai certainement demain, fis-je à mon tour.
Et à regret, les pieds lourds, je me relevai pour m’éloigner à pas lents et pesants.  Dans le silence qui était revenu et dont je reprenais soudain conscience, j’entendis la voix de mon coeur qui disait :
- Je crois que je suis amoureux de cette petite fleur, avoua-t-il.
Je compris enfin de quel mal souffrait mon coeur ce matin. Du mal d’amour et de la solitude.

FIN

 






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