Tous les souvenirs de ces beaux moments là
Bercent mon âme d’une douce nostalgie,
Et me plongent immanquablement dans l’émoi,
De n’être plus, à présent, que le passé de ma vie.
Loin de notre stress et nos vies trépidantes,
Les jours d’alors n’étaient qu’insouciance.
Le temps s’écoulait sans grande importance.
Tendre évocation des mémoires d’enfance.
Pas oubliées ces odeurs d’une vie campagnarde,
Ces notes poivrées des foins tout juste « meulés »,
Où l’on aimait tant se rouler sans prendre garde
Au fermier et à ses regards courroucés.
Ces longues et joyeuses promenades champêtres,
Sous les implacables et écrasants soleils de juillet,
Du haut de mes sept ans au bras de ma grand mère,
Qui me racontait son siècle et ses jeunes années.
Ni ce vieux chariot dénommé « tombereau »,
Dont la seule traction en était les chevaux.
Que j’aimais y grimper ! Moments de liberté,
Où je voyageais par monts et par vaux.
Puis au fil des ans, mes premières moissons,
Perché haut sur le chariot, à ranger les ballots.
Au retour, traverser les rangées de maisons,
Et défiler fièrement en guidant les chevaux.
Ce premier véhicule, au nom prosaïque « tracteur ».
Ses énormes chenillettes faisaient un tel vacarme,
Qu’il n’était point utile de sonner une alarme,
Chacun s’encourait sous le coup de la peur.
Ces parfums gourmands et si délicieusement sucrés
Des pâtisseries préparées à grands soins par ma mère,
Et dont tous, nous adorions nous empiffrer,
Au grand désespoir de notre cher père.
Cet énorme tonneau tournant comme le temps,
Au nom résonnant rébarbativement de « baratte »,
Transformait le lait en ce bon beurre d’antan,
Dont le goût choquerait aujourd’hui les palais délicats.
Hélas, passe le temps
Aussi vite que le vent
Modernisé le beau pays de ma jeunesse,
Trop vite passés ces bonheurs de l’enfance
Et ces tendres souvenirs évoqués d’abondance,
Ne reculeront en rien l’approche de la vieillesse.